3) ROME ET LES TAPIS.
A Rome, les vieux républicains
réprouvent l’usage du tapis, signe d’amollissement.
Caton l’Ancien ( -234/ -149) fait brûler en place publique un tapis de Babylone qu’il avait reçu en
héritage.
Mais, au risque d’un déficit
commercial important, les Romains sont avides de marchandises exotiques : soie, épices, pierres précieuses et ...de tapis.
Catulle( -82/-52) évoque les
tapis de Maracanda ( Samarcande).
Néron ( 37/68) acquiert pour 4
millions de sesterces des tapis orientaux.
4) LES SASSANIDES ET LE FABULEUX TAPIS DU ROI
CHROSROES 1er
De ce long silence après le tapis de Pazyzyk , il ne reste que quelques témoignages gravés dans la pierre, de petits
fragments de tapis trouvés dans les tombes d’Egypte et d’Asie centrale du IIIè et VIè siècle de notre ère trouvés au début du XXè siècle et des descriptions d’auteurs de l’époque, dont celle du
tapis du roi Chosroès 1er ( 531- 579).
Le roi: Monté sur
le trône de Perse en 531, le roi Chosroès 1er, dit le juste, inquiet des ambitions de l‘empereur romain Justinien, profite de ce que celui-ci est occupé en occident pour envahir ses territoires
de Syrie, d’Arménie et de Mésopotamie. En 562, Justinien doit s’incliner et signer avec lui une paix de 50 ans.
Chosroès était connu pour sa
sagesse, sa beauté , son amour de la chasse et des objets précieux. On raconte que lorsque les froids hivernaux l’empêchaient de chasser, il sombrait dans la tristesse, et il retournait son
affliction contre son peuple.
Le Baharestan: C’est pour lui rendre son entrain
qu’on lui offrit le fabuleux Baharestan, immortalisé dans la légende sous le nom de « Printemps de Chosroès ».
Ce tapis se trouvait dans la
grande salle des audiences royales du palais de Ctésiphon, capitale des rois sassanides. Imaginez les murs tapissés de tissus de soie, dont les scènes de chasse ou de combats avec les bêtes
sauvages servent à glorifier le roi et par terre, ce tapis carré de 25 m de côté,
d’après les chroniqueurs de
l’époque en laine et soie mélanges de fils d’or et d’argent.
Ce tapis a été le plus
prodigieux tapis de toute l’histoire de l’orient.
Il évoquait un grand jardin,
symbole du paradis terrestre, divisé par des canaux d’irrigation, en carrés d’arbres fruitiers, de parterres de fleurs, de champs de blé, le tout rehaussé de perles, d’émeraudes et de rubis
suggérant les fruits et les fleurs en boutons.
Des cristaux de
roche apportaient leur scintillement dans l’eau courante des canaux, de grandes émeraudes renforçaient le vert des gazons.
Le roi, en toutes saisons,
voulait trouver en venant contempler son tapis, une sorte de printemps éternel, celui qu’il découvrirait à sa mort, au paradis des bienheureux.
Le tapis
disparu: En 637, les premiers conquérants arabes investissent le palais. Fascinés par la magnificence et la richesse
prodigieuse de ce tapis, ils décident de se le partager. A ce jour, aucun des précieux fragments n’a été retrouvé.
On peut admirer un tapis de ce type, datant du 18è siècle à Paris, au musée des Arts décoratifs.
5) L'ISLAM, LES TAPIS ET
CHARLEMAGNE
A partir du VIIe siècle après
J.C., les Arabes sont déployés dans tout le Moyen-Orient, en Asie centrale en Egypte, au Maghreb, en Espagne, convertissant à l’islam les territoires occupés.
Profitant d’une période de calme
relatif, assuré par un pouvoir central renforcé, les sciences, l’économie et les arts se sont considérablement développés.
Le tapis devient, même pour les
peuples nomades et les tribus, un signe distinctif d’élévation sociale et souvent aussi une valeur refuge.
Dans le monde perse, le tapis
est particulièrement voué au faste royal : les souverains flattent leurs hôtes en leur faisant partager leur tapis.
Il existe une dénomination pour un petit tapis
particulièrement prestigieux : le masnad.
Quand le shah se déplace à la chasse, il existe des tapis particuliers pour le siège royal.
Compte tenu de sa grande valeur, le tapis sert de tribut payé par les populations soumises.
Selon l’historien Ibn Khaldoun, de 775 à 786, c’est ce que font les Arméniens envers le calife de Bagdad.
En 813, le roi de Bulgarie, Krum, ramène d’une expédition en territoire byzantin, un butin comprenant « des tapis noués d’Arménie. »
La fabrication du tapis devient un des arts de cour les plus prestigieux : Haroun al Rachid, le plus célèbre des califes abbassides ( dynastie régnant depuis Bagdad de 758 à 1258) aurait possédé
2200 tapis fabriqué dans le Fars .
Il en offre vingt à Charlemagne, en même temps que les clés du St Sépulcre de Jérusalem.
Pour les Francs, ces tapis velus sont de grandes merveilles et Charlemagne les emporte partout avec lui.
6) LE TAPIS DU XIe AU XVe SIECLE EN ORIENT.
A partir du XIe, les Seldjoukides qui viennent du
Turkestan, s’emparent de vastes territoires et vont jusqu’en Perse et Palestine. Ils font preuve de tolérance pour les peuples soumis ; ils sont profondément sensible à toutes les formes d’art (
Les deux célèbres poètes Firdûsi et Omar Khayyâm vivent à cette époque).
Jusqu’au XIIe siècle, ils occupent la
Perse, et restent en Anatolie jusqu’en 1302. Pendant toute cette période, le tapis se répand, ( en particulier en maillant l’Iran, l’Asie Mineure de « khans » ou caravansérails, relais fortifiés
généralement à une journée de marche les uns des autres), le tapis se développe en utilisant le nœud turc, toujours utilisé de nos jours dans ces dernières
régions.
Marco Polo: Ces tapis trouvent, en la personne de Marco Polo, un illustre amateur.
Parti de Venise en 1271 avec son frère, porteur d’un message du pape pour le Khan Qubilaï, ils arrivent à Pékin
quatre ans après en 1275.
Fonctionnaire de l’empereur mongol de Chine, Marco Polo est autorisé à
rentrer à Venise en 1295, après presque 25 années d’absence. Il raconte dans son « Livre des Merveilles du monde », écrit en français, le récit de ses voyages : l’organisation chinoise qui
suscite son admiration : l’organisation des postes avec hôtels et relais d’état, l’organisation des pompiers dans les grandes villes, le recensement de la population urbaine, l’utilisation du
papier-monnaie, l’organisation des marchés et de la voirie.
Ses contemporains ont pensé que Marco Polo avait fait une œuvre
d’imagination et ne l’ont pas cru.
Ce n’est que deux siècles plus tard que ses précisions géographiques
seront prises en compte dans le domaine de la cartographie.
Parlant de l’Anatolie, il écrivit :
« On fabrique ici les tapis les plus admirables du monde et de la plus
belle couleur. »
Le tapis est devenu un élément important de la culture en Anatolie, se chargeant d’une
signification profondément religieuse tout en constituant un précieux élément de cohésion culturelle pour des populations d’origine très diverses : Arméniens, Grecs, Byzantins, Turcs.
A travers les siècles et les modes, les tapis anatoliens sont restés attachés à la tradition seldjoukide : dessins géométriques ou stylisés et couleurs vivement contrastées.
Ce qui nous reste
des tapis de cette époque:
Très peu de témoignages concrets : cinq fragments de
tapis noués autour du XIe siècle, trouvés au Caire et ces petits morceaux de tapis du XIIIe siècle, découverts dans une mosquée de Konya, en Turquie et conservés au Musée du tapis
d’Istanbul.
Ils ont presque toujours un champ rouge ou bleu foncé .
Les motifs s’inspirent de l’univers végétal, la représentation des feuilles, des fleurs et des arbres restant fortement géométrique. On trouve également fréquemment des motifs « à étoiles
».
MUSEE DES TAPIS -
Association Tapis de Tradition-TRAD
Mél : asso.trad@orange.fr ou 06 49 75 47 14